Pousser la porte d’une maison d’artiste, c’est aller à la recherche d’une meilleure connaissance de sa personnalit é. Le cadre où il a vécu, travaillé, aimé, souffert, aide à mieux le comprendre. Goethe a écrit : « Qui veut comprendre le poète, doit aller dans le pays du poète ».
La maison joue un rôle souvent essentiel dans la vie d’un artiste, car elle peut être le lieu qui favorise l’imagination créatrice.
Nous vous proposons donc de visiter certaines de ces demeures inspirées que nous avons sélectionnées parce que les souvenirs de l’artiste y étaient le mieux préservés.
Notre itinéraire a été guidé par des choix personnels, des émotions éprouvées lors de nos visites, où l’on pouvait sentir le parfum d’une présence, où l’on s’attendait même, parfois, à surprendre l’hôte : peintre, écrivain, musicien ou poète, qui à son chevalet, qui à sa table de travail ou devant une partition, prêt à nous accueillir.
Pour l’avoir vécu personnellement je partage tout à fait ce qu’écrit Jérôme Garcin, dans « Littérature vagabonde » :
C’est parce que je dois aux livres mes plus grands bonheurs, mes plus belles surprises, mes plus longs voyages que j’ai tant aimé me promener dans les campagnes, les villages, où avaient vécu ces écrivains morts ; d’ailleurs ils vivent toujours quand on les lit… Ce n’étaient pas des pèlerinages, mais des visites. Parfois même des retrouvailles imaginaires »
comme Giono.
Ce choix, non exhaustif a été difficile, car peu de maisons d’artiste ont été conservées comme leur occupant les avait aménagées. Beaucoup ont été restaurées et transformées en musées. Dans nos recherches, nous avons constaté que beaucoup d’autres, hélas, ont disparu ou modifiées par de nouveaux propriétaires, perdant ainsi le souvenir de ceux qui les avaient habitées.
Mais, si les maisons sont des endroits privilégiés pour la création, il est des lieux, des paysages, qui ont inspiré peintres, écrivains, poètes ou musiciens.
Il en est ainsi de certains villages en Normandie, en Ile de France ou ailleurs, dans notre pays, qui font partie maintenant de notre patrimoine artistique et culturel, devenus célèbres par la présence d’artistes qui ont trouvé là, l’inspiration ,seul ou en groupe, voire en « Ecole ».
Enfin, il est d’autres lieux, lieux de mémoire, ruines historiques, qui nous ont émus particulièrement, comme les Tours de Merle. Dans un site d’une extraordinaire beauté, un rocher jailli du ravin de la Maronne qui l’enserre, porte les ruines des donjons des chevaliers de Merle où vécurent, dans un passé lointain, sept seigneurs épris de beauté ou de conquêtes belliqueuses ou…amoureuses ! et qui nous ont laissé, au fond d’une vallée perdue de la France profonde, ces restes de vie si parlants à notre sensibilité et à notre imagination.
En évoquant les sites qui ont inspiré les artistes, ne faut-il pas commencer par les premiers d’entre eux : les grottes préhistoriques ? Lascaux, Pech Merle, la grotte Chauvet récemment découverte et tant d’autres… Ces peintres de la pierre furent les premiers artistes du monde et ces grottes, les premiers lieux inspirés
Les livres de pierre que nous ont laissé les sculpteurs du Moyen-Age aux tympans des églises romanes des XI et XII s. font aussi partie de notre patrimoine. Conques (Vézelay et tant d’autres, sont aussi des lieux de mémoire.
les fresques de St-Savin sur Gartempe, sauvées par Mérimée,
les chapiteaux et l’intérieur de l’église d’Issoire... Tous ces monuments ont subsisté à travers le temps, nous donnant, au 21éme siècle, une leçon d’humilité, mais aussi éveillant en beaucoup d’entre nous, le désir de les voir et de connaître leur histoire.
La première musique de la création fut le chant des oiseaux qui, grâce à leur syrinx, ou larinx inférieur, modulent des notes plus ou moins mélodieuses. Entendre le chant du rossignol par une belle nuit d’été est un plaisir ineffable et, comme dit un proverbe polonais :
«
Il n’est pas nécessaire de comprendre le chant du rossignol pour s’en émerveiller
».
Les bergers grecs de la mythologie jouaient de la flûte de pan ou syrinx (souvenons-nous de Daphnis et Chloé).
Comme la littérature, comme la peinture, la musique, a ses lieux d’inspiration et de création : le nord de la France avec Arras et ses trouvères, le sud avec le château de Ventadour, les troubadours et les ménestrels
Les musiciens du XIXè. siècle notamment, ont été souvent inspirés eux aussi, par les lieux, les demeures qu’ils ont habitées et la nature qui les entourait.
Enfin, la musique est un langage universel qui peut être compris de tous, qui parle au cœur et à la sensibilité de chaque être humain.
Le vagabondage vers ces lieux, commence par Paris.
Paris a toujours brillé d’un éclat particulier. La ville lumière attirait irrésistiblement les artistes. Il y a longtemps François Villon disait :
«Il n’est bon bec que de Paris»
Bon bec, c’est à dire la bonne parole, le mot juste, le parler imagé, la langue verte.
Si le vieux Paris n’existe plus, à notre vue tout au moins, celui du 19ème siècle, le Paris de Balzac, celui d’Eugène Sue, celui d’Alexandre Dumas et tant d’autres, poètes ou rapins, nous allons tenter de le faire revivre en visitant avec vous ces endroits si évocateurs.
Au 19ème siècle, et au début du 20ème,on vit naître à Paris des lieux de travail, de rencontres et d’échanges : des brasseries, des cafés, puis des cabarets. Ainsi se constituèrent des quartiers d’artistes où se développa la « vie de bohème »
Situé rue de l’Ancienne Comédie, au N° 13, le Café Procope est certainement l’un des plus anciens hauts lieux littéraires de Paris.
Il fut fondé en 1684 par Francesco Procopio del Coltelli, noble sicilien reconverti dans l’arôme nouveau appelé café, juste en face de la Comédie française. On y vit Jean de La Fontaine, Voltaire, Marivaux, Beaumarchais, Diderot. Plus tard, G. Sand et Musset y feront de longues stations, puis Daudet, Coppée. Verlaine s’y saoulera d’absinthe
C’est la plus ancienne guinguette de Montmartre au temps des moulins et des vignes.
« Pour Pierre Mac Orlan, dont le livre
Rue Saint-Vincent est un remarquable document auréolé d’une poésie sombre, le caractère romanesque de la Butte est lié à l’amer souvenir d’une vie de misère dans un Montmartre où régnaient « la fille et le couteau. »
L’auteur de
Quai des Brumes
, fréquentait au coin de la rue des Saules et de la rue St-Vincent, une vieille maison, appelée d’abord « Le Rendez-vous des voleurs » puis « Cabaret des Assassins » On y buvait sec et on y dansait le dimanche.
Vers 1880, le propriétaire demanda à André Gill, caricaturiste connu, de lui peindre une enseigne. Gill imagina un lapin debout s’échappant d’une casserole et tenant une bouteille entre ses pattes. C’était le lapin à Gill, qui deviendra le lapin Agile.
En 1903, le cabaret, acquis par A.Bruant, fut confié à Frédéric Gérard, surnommé le Grand Frédé, qui eut l’idée d’en faire un repaire d’artistes et de poètes à qui il donnait là une occasion de se faire connaître d’une clientèle empressée à s’encanailler sans danger. Ce fut le rendez-vous de la bohême montmartroise : peintres et poètes s’y retrouvaient.
Picasso habitait non loin de là, au Bateau Lavoir, où il peindra, en 1807 le fameux tableau « Les Demoiselles d’Avignon » Il était un habitué du Lapin Agile.
Ce cabaret célèbre survit de nos jours . Rien n’a beaucoup changé. Ch. Chaplin, en verve, y dessina les gros souliers de Charlot. Les touristes du monde entier y viennent déguster, comme autrefois, les traditionnelles cerises à l’eau de vie que Frédé offrait jadis à ses amis.
Quant au Bateau Lavoir, il fut classé Monument Historique par A. Malraux., le 01/12/1969 et cinq mois plus tard, il brûlait au cours d’un incendie mystérieux.
Mais de l’autre côté de la Seine, à Montparnasse, Alfred Boucher, un sculpteur, humaniste et mécène, créa une cité d’artistes qu’il appela « La Ruche » parce que construite en forme d’alvéoles, où il abrita des jeunes artistes venus de l’Europe de l’Est comme Chagall, Soutine, Zadkine, le polonais, qui fut le portraitiste de Colette, M. Morgan et d’autres. L’italien Modigliani y fit des séjours. Tous ces jeunes, ils avaient tous une vingtaine d’années, crevaient la fin, mais avaient soif de création et surtout ils voulaient l’exprimer librement. Ils connurent le succès, certains après leur mort et leurs œuvres ont atteint une valeur considérable. Paris était devenue, à cette époque, la capitale artistique.
Les cafés de Montparnasse, la Closerie des Lilas, la Coupole, la Rotonde, le Dôme, accueillaient toute cette bohème, qui, malgré la misère, buvait joyeusement.
La Nouvelle Athènes
Ce nom fut aussi celui d’une célèbre brasserie de la place Pigalle. Il a été donné dans les années 1820, au quartier Saint-Georges, situé en bas de la colline de Montmartre, qui comportait de ravissants petits hôtels particuliers séparés par des jardins
Artistes en tous genres y habitèrent entre 1830 et 1850. Peintres, musiciens, écrivains, affluèrent dans le quartier qui devint le véritable foyer de la vie romantique à l’époque de la révolution du même nom.
Au N° 16 de la rue Chaptal, une maison à l’italienne fut la propriété du peinte Ary Scheffer qui y reçut l’élite des arts et des lettres : Ingres, Delacroix, Liszt, Chopin, Sand, Lamartine, Tourgueniev. La ville de Paris en fit le musée de la Vie Romantique.
La Butte Montmartre et ses environs fut donc une sorte de colline inspirée. Et de 1885 à 1900, les poètes s’y mêlèrent à la foule des noctambules. Ce fut l’âge des tavernes où se retrouvaient Barbey d’Aurevilly, A. Allais et bien d’autres devenus célèbres. Zola fréquenta ces lieux qui lui procurèrent les ingrédients et les héros de
« l’Assommoir »
Le café Guerbois
Situé dans le quartier des Batignolles, ou plutôt, le village des Batignolles, qui fut rattaché à la ville de Paris en 1860.
Ce fut un univers pittoresque avec des rues trop neuves, qui ne menaient qu’à des potagers trop vieux et surtout à des terrains très vagues. Mais les loyers étant moins chers que dans Paris, les artistes s’y installèrent. Le café Guerbois, situé au N° 11 de ce qui est, aujourd’hui l’avenue de Clichy, devint le rendez-vous des peintres, futurs impressionnistes, réunis autour de Manet dont l’atelier et le domicile se trouvaient tout près, Bd des Batignolles. Tous les vendredis, Manet recevait au Café Guerbois :Degas, Renoir, Pissaro, Monet, Cézanne, quelques fois. Outre les peintres, y venaient aussi des écrivains : Zola, entre autres.
Le cabaret des Quat’zarts, lancé en 1893 par François Trombert, Bd de Clichy accueillit
Jehan Rictus, ce Villon du 19ème siècle, qui s’y produisait en redingote et gibus Il finit dans la misère et dans une mansarde, abandonné par la gloire. Il a pourtant écrit une poésie populiste dans l’argot de l’époque mais qui ne laisse pas indifférent. Notamment : « les Soliloques du pauvre » et « le Cœur populaire » , tous ces poètes chansonniers pour qui la vraie poésie devait être dite plutôt qu’écrite, c’est-à-dire vivante et communicable
Enfin, toujours aux Batignolles, qui n’a pas entendu parler, même de nos jours, du cabaret « Le Chat Noir », rendu célèbre, notamment par la chanson :
Je cherche fortune
… Ch. Cros y récita ses premiers poèmes, comme « le Hareng saur »
Rue de l’Odéon
La rue de l’Odéon fut et demeure vouée à l’heureux commerce de la librairie et le lieu de rencontres de chercheurs d’ouvrages rares ou introuvables.
A la fin de la 1ère guerre mondiale, une certaine Adrienne Monnier née d’un père jurassien et d’une mère savoyarde ouvrit, à 23 ans, au N° 7 de cette rue, une librairie qui fit date dans le Paris littéraire. Elle s’appelait « La Maison des Amis des Livres ».
Ce fut, non seulement une librairie avec des ouvrages d’avant-garde, mais aussi le lieu de rencontres des écrivains du moment. A. Monnier avait su en faire un foyer d’idées et attiré à elle toute la jeunesse littéraire : L.P. Fargue, V. Larbaud, Apollinaire, P. Valéry et Eric Satie , le musicien, découvrirent le lieu et ne le quittèrent plus.
En 1919, une jeune américaine nommée Sylvia Beach, eut l’idée originale d’ouvrir une librairie de langue anglaise. 1919 fut l’année où des américains fuyant la prohibition (à Paris, on pouvait boire librement !)débarquèrent dans la capitale pour coloniser la rive gauche . Hezra Pound, Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald, se pressèrent dans cette librairie appelée
« Shakespeare and Company ».
L’Irlandais James Joyce y fit sa première apparition. Adrienne Monnier édita la version française
d’Ulysse.
Des écrivains français furent aussi des fidèles, comme P. Valéry et A. Gide.
En 1922, S. Beach se trouvant trop à l’étroit, décida de transporter sa librairie au 12 de la rue de l’Odéon, en face de la librairie d’A . Monnier. Entre les deux femmes le courant passa et l’une des échoppes devint la succursale de l’autre ! Shakespeare and C° existe toujours et si la librairie d’A.Monnier a disparu pendant longtemps, en 1991, la Maison des Amis du livre, fut rouverte dans l’esprit même de sa fondatrice.
Une autre américaine d’origine juive autrichienne, Gertrude Stein, s’installe à Paris rue de Fleurus. Ayant du flair en peinture moderne elle ornera son appartement de toiles de Cézanne, de Matisse, de Picasso, qui fera d’elle un portrait célèbre.
Elle va recevoir chez elle, les plus prestigieux de ses compatriotes C’est elle qui lancera l’expression « La génération perdue » dans cette période aussi appelée « Les Années folles »
Mais avant de partir vers la province, il nous faut évoquer l’hôtel Lambert qui abrita des artistes exilés polonais au 19ème siècle.
Quittant Paris, notre vagabondage artistique nous conduit en Bourgogne du nord. Tout près de la très célèbre abbaye de Fontenay, de style roman cistercien, se trouve, caché dans la verdure de son parc, le château de Bussy Rabutin, élégante demeure du 17ème siècle.
Roger de Rabutin, comte de Bussy, cousin de la marquise de Sévigné est né en 1618.et mort en 1693.
Pour amuser une maîtresse très chère, Bussy écrivit son chef d’œuvre :
« l’Histoire
amoureuse des Gaules
» Une rivale recopia le manuscrit et le fit déposer sur le bureau de Louis XIV ! Cet incident rapporta 13 mois de Bastille au malheureux comte, puis l’exil perpétuel dans son château de Bourgogne, où il passa les années qui lui restaient à vivre, à faire peindre sur les lambris de sa demeure, ses bonheurs, sa gloire, ses amours, ses disgrâces, toute la philosophie humoristique qui résumait sa vie. Par son goût prononcé du scandale, il sut embellir son château de devises et de tableaux pleins d’impertinence et de poésie. Ces peintures anecdotiques font de ce lieu l’exemple exceptionnel d’une demeure de grande classe entièrement décorée par son possesseur qui y rédigeait ses
œuvres en même temps. Ce décor, composé par lui, devint à son insu, plus célèbre que son œuvre d’écrivain. Ce lieu est un régal de charme et d’humour
Toujours par des chemins de traverse, les grandes routes ne sont pas des lieux qui inspirent, nous apercevons la Roche de Solutré qui dresse sa silhouette à l’horizon, Berzé le Chatel. et bientôt le village de Milly, devenu Milly Lamartine.
C’est en effet dans ce petit village qu’Alphonse de Lamartine passe, auprès de sa mère, ses années d’enfance et d’adolescence.
La maison de Milly et le château de Saint-Point situé tout près, ont été immortalisés par le poète en des strophes si touchantes, ou décrits par lui en des passages d’une séduction si profonde, que, toujours, sa haute figure se détache sur ces deux paysages célèbres :
Montagnes que voilait le brouillard de l’automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l’émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain…
Chaumières où du foyer étincelait la flamme
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?
Sa venue à Aix les Bains en 1817, a permis à Lamartine de connaître celle qui lui inspira le poème sur le Lac, rendant ainsi célèbre le Lac du Bourget : « O temps, suspend ton vol ! »
Le poète n’a pas chanté seulement le lac du Bourget, mais aussi le Léman au bord duquel il s’est réfugié durant les Cent-jours. On sait qu’il séjourna à Nernier, au bord du Léman, en tant que prisonnier. Il y tomba amoureux de la fille de son geôlier. On peut voir dans ce charmant village une plaque immortalisant ce séjour. Il vint aussi à Evian :
Pour moi, cygne d’hiver, égaré sur tes plages,
Qui retourne affronter son ciel chargé d’orages,
Puissé-je quelquefois dans ton cristal mouillé,
Retremper, ô Léman, mon plumage souillé !
Puissé-je comme hier, couché sur le pré sombre,
Où les grands châtaigniers d’Evian penchent l’ombre,
Regarder sur ton sein la voile du pêcheur,
Triangle lumineux, découper sa blancheur…
Lamartine naquit à Macon le 21 octobre 1790 et mourut à Paris le 18 février 1869.
Si Saint-Sauveur en Puisaye se trouve plutôt dans le Morvan, pourtant, Colette, notre grande Colette qui y naquit en 1873, revendique son appartenance à la Bourgogne, ne serait-ce que sa façon si bourguignonne de rouler les « rrr »
Pour comprendre celle qui se fit livrer à son appartement du Palais-Royal, pour son quatre-vingtième anniversaire, un lièvre à la royale piqué de quatre-vingt gousses d’ail et d’échalote, il faut aller se promener du côté de St-Sauveur.
« <
Viens, toi qui l’ignore. Viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose » écrivait Colette dans « les Vrilles de la vigne » en évoquant son pays natal, Saint-Sauveur en Puisaye, enclave bourguignonne dans le Morvan
«Le charme, le délice de ce pays fait de collines et de vallées si étroites que quelques unes sont des ravins, c’est le bois, les bois profonds et envahisseurs qui moutonnent et ondulent jusque là-bas, aussi loin qu’on peut voir » précisait encore l’écrivain dans « Claudine à l’école » De Claudine à Sido, en passant par les vrilles de la vigne, on retrouve la plupart des chemins, des étangs, des sous-bois si bien décrits par la romancière.
C’est dans la Franche-Comté voisine que nous allons maintenant. Dans un village rendu célèbre par un de ses enfants. Le peintre Gustave Courbet est en effet né en 1819, à Ornans, département du Doubs. Il y a passé son enfance et son adolescence.
Plus tard, peintre célèbre, il restera lié à Ornans. La Loue, qui baigne la petite ville, aux rives bordées de vieilles maisons à balcons de bois, a été immortalisée par Courbet. Sur le parcours de la rivière, on peut admirer des sites qui portent le nom de « miroir », ce qui a fait dire que les toiles de Courbet se reflètent dans les miroirs de la Loue. Il a peint 300 paysages des environs.
La maison natale du peintre n’a guère été modifiée. Elle s’ouvre sur un jardin suspendu, au bord de la Loue. Devenue musée en 1939, on y trouve des objets personnels du peintre : sa palette, son chevalet, sa table de travail et un mannequin articulé. Par la fenêtre, on peut contempler le même paysage que l’artiste a représenté, laissant ainsi des tableaux qui comptent parmi les plus grandes œuvres du 19ème siècle. Cet attachement à la terre natale a valu à Courbet le titre de « Maître d’Ornans »
La région Rhône Alpes a toujours attiré l es artistes. Certains y ont demeuré et les lieux, les paysages les ont inspirés. Qui ne connaît, chez nous, le séjour de Jean-Jacques Rousseau aux Charmettes