STANISLAS, ROI DE POLOGNE

Conférence Causerie 11octobre 2009
Chateau de Ripaille

Il est en forêt de Plombières, dans un creux de rocher, la petite source de la fontaine Stanislas. Une inscription gravée dans la roche  prête une voix humaine à l’eau qui murmure:
“Heureuse du nom qui me reste
Bon roi, si je pouvais chaque jour recueillir
Les pleurs, dus pour jamais, à votre souvenir,
Je ne serais pas si modeste
.


Ce bon roi est Stanislaw Leszczynski. Des concours de circonstances extraordinaires, dans une Pologne chaotique, l’ont mené au trône; et une suite invraisemblable d’évènements, dans une Europe agitée, l’ont conduit au duché de Lorraine.
C’est en Lorraine qu’il a pu accomplir une oeuvre grandiose; c’est en Lorraine que s’est épanouie sa pensée qui fait de lui une personnalité brillante du siècle des Lumières.

Stanislas est né le 20 octobre 1677 à Lwow, aujourd’hui en Ukraine, mais province polonaise à l’époque. Ses parents s’établissent ensuite dans le vaste domaine des Leszczyski près de Leszno (d’où son nom), en Poznanie. Il reçoit une éducation dure qui exclut la paresse et la vanité. Son instruction est confiée à des Jésuites, et à des professeurs polonais et étrangers. Ses parents, catholiques mais tolérants, l’envoient dans un collège protestant. Puis comme tous les jeunes fils d’aristocrates, il effectue un tour d’Europe.
Stanislas par sa mère, mais surtout par son père, descend d’une lignée de nobles érudits, qui depuis 965 ont assumé de très hautes fonctions auprès de souverains. Stanislas héritera de 17 villes et 116 villages et sera le magnat le plus riche de la Grande Pologne.
La Pologne, en cette fin du 17ème siècle, occupe un territoire de 900 mille km carrés, elle est donc beaucoup plus vaste que la France.  Mais elle n’est peuplée que de 8 millions d’habitants alors que la France en comptait 20 millions. La Pologne est alors une sorte de république à la tête de laquelle siège un roi, élu par les nobles, qui jouissent d’énormes privilèges. Une constitution  limite les pouvoirs du roi; la Diète toute puissante vote les lois et les impôts, le Sénat a des pouvoirs moins importants.
La mort de Jean III Sobieski (celui-là même qui a arrêté la progression ottomane), en 1693, pose le problème de la succession. 18 candidats se présentent dont Frédéric-Auguste de Saxe et...... Louis de Bourbon, prince de Conti. Ce dernier, à qui Louis XIV a ordonné de postuler pour le trône, quitte la France, sans aucun enthousiasme, avec la flotte de Jean Bart.
Un enchaînement abracadabrant d’évènements, où les coups de théâtre et les rebondissements rocambolesques abondent, va se dérouler. Tous les grands d’Europe en sont les acteurs.
Essayons de suivre les aventures de Stanislas à travers l’Europe.
Les élections sont fixées au 27 juin 1697. Stanislas, à 19 ans, siège déjà à la Diète. Ecoeuré par le climat houleux de la Chambre, il prononce un discours violent, rappelant les députés à un peu plus de tenue. Il est écouté avec respect.
C’est le prince français, toujours en mer, qui est élu!
Mais les partisans de Frédéric-Auguste, nobles corrompus par l’argent, imposent le Saxon Frédéric-Auguste qui s’empare de Cracovie, abjure le protestantisme, la Pologne n’admettant qu’un souverain catholique, et se fait proclamer roi, sous le nom d’Auguste II.
La Pologne a alors 2 rois.
Un mois plus tard, Conti débarque à Gdansk. Ravi de se voir privé du trône, il rembarque aussitôt.
Stanislas épouse la belle Catherine Opalinska. Leur première fille, Anne, nait en 1699.

En Europe c’est la paix. Louis XIV et le tsar ont déposé les armes. L’Autriche, la Pologne, la Turquie se tiennent tranquilles. Cela ne dure pas! Car la cession à la Suède, d’une petite province balte, la Livonie, agace le tsar. D’autant plus que la Suède, une puissance riche, est gouvernée par Charles XII, un freluquet prétentieux de 15 ans! Le tsar Pierre Ier, réunit une coalition avec le Danemark  et  Auguste II, contre la Suède. La guerre du Nord est déclarée. Mais le jeune Charles XII ne fait qu’une bouchée des armées coalisées. Le tsar honteux et fou de rage, s’enfuit piteusement avec ses troupes débandées.
Charles XII continue sur sa lancée, s’empare de Varsovie. Il déclare vouloir donner à la Pologne un roi qui en soit digne. Il poursuit les Saxons jusqu’à Cracovie que les Suédois n’hésitent pas à piller au passage!

En 1703 naît Marie Leszczynska, la future reine de France.

Charles XII exige la destitution d’Auguste II. Une amitié respectueuse s’établit entre le roi de  Suède et Stanislas chargé de traiter avec lui. Charles XII désigne Stanislas comme candidat au trône: Stanislas est élu le 12 juillet 1704. Il a 27 ans. La Pologne se retrouve de nouveau avec 2 rois.
Les Suédois se retirent. Auguste II en profite pour marcher sur Varsovie. Stanislas fait fuir sa famille vers Poznan. Dans la précipitation, la future reine de France est oubliée dans une écurie! Les Suédois reviennent et  en présence de Charles XII, Stanislas, acclamé par la foule, est couronné le 4 octobre 1705. C’est le 1er couronnement à Varsovie. L’amitié entre Charles XII et Stanislas se renforce. Les 2 souverains décident d’en finir avec Auguste II et s’emparent de Dresde. Auguste II vaincu, renonce à la Pologne.

Soulagé, Stanislas pense à des réformes sociales en faveur des paysans. Mais voilà que les Russes dévastent la Poznanie, pillent les biens de Stanislas, déportent les habitants. La femme de Stanislas et ses enfants échappent de justesse à un enlèvement. Charles XII accourt secourir son ami; pour la 1ère fois, il est vaincu. Stanislas est prêt à abdiquer. Il se réfugie avec sa famille à Stockholm.
1713: Charles XII et Stanislas, en route pour la Moldavie, à la tête d’une petite troupe, sont arrêtés. Charles Xii est placé en résidence surveillée à Andrinople: il mène la vie impossible à ses geôliers. A Bender, Stanislas, à qui Charles XII a interdit d’abdiquer,  se lie avec le pacha, se promène dans des jardins tout parfumés de roses et tout bruissants de fontaines et s’adonne à la musique.
Les rois sont libérés. Charles XII propose à Stanislas  qui n’a plus rien, le duché de Zweibrücken (les Deux Ponts), une petite possession suédoise, entre Lorraine, Sarre et Alsace. C’est sous de faux noms que Stanislas et quelques fidèles se mettent en route. Stanislaw Poniatowski, futur roi de Pologne, fait partie du groupe.
A Zweibrücken, Stanislaw s’occupe d’abord de trouver de l’argent. Un emprunt lui permet de faire venir sa femme, ses enfants et sa mère. La famille est réunie après 7 ans de séparation. Il s’intéresse aux affaires du duché. il est immédiatement adopté et aimé par la population. Il veut faire construire un nouveau château, en bois puisqu’il n’a pas d’argent. Et bientôt éclot une résidence baroque féérique entourée de bassins, de jets d’eau, de cascades, rappel des jardins turcs de Bender. Il s’entoure de comédiens, de musiciens, de chanteurs. Il lit énormément.
Zweibrücken est un paradis. Le bonheur ne dure jamais longtemps. Anne est malade: elle meurt en 1717. Elle a 18 ans.
Auguste II essaie de faire enlever Stanislas.

1719: Stanislas est attristé par la mort de son ami Charles XII roi de Suède, puis par le départ pour la Pologne de Stanislaw Poniatowski. Un comte suédois à qui revient Zweibrücken, intime à Stanislas l’ordre de quitter le duché. Stanislas est seul, il n’a rien. Où aller?
C’est alors que le régent l’autorise à s’installer en Alsace à Wissembourg. Il lui verse en outre une petite pension. Les Leszczynski et quelques fidèles mènent à Wissembourg une vie simple dans une modeste demeure. Stanislas adore sa fille Marie que sa mère, très éprouvée par la mort d’Anne, repousse. Marie chante, danse, joue du clavecin, parle couramment en plus du polonais, le français, l’allemand, l’italien, le latin. Elle est charmante avec son teint de porcelaine, sa taille de guêpe, son regard malicieux. Il serait temps de la marier!  Mais elle est si pauvre! Pendant ce temps le régent scelle la réconciliation entre la France et l’Espagne par un mariage: ainsi le futur Louis XV âgé de 11 ans est fiancé à l’infante d’Espagne qui a..... 3 ans et demi.
Le régent meurt en 1723. Le duc de Bourbon qui lui succède, pense qu’il faut marier Louis XV au plus vite et renvoie la petite infante.
1724: Auguste II tente de faire empoisonner Stanislas.
Une liste de 99 princesses est présentée à Louis XV. Marie se trouve parmi elles. Le 31 mars 1725, à Versailles, Louis XV, âgé de 15 ans, fixe son choix. Il annonce à l’assistance consternée, qu’il retient Marie qui a 22 ans! < Une crise de folie joyeuse s’empare de Wissembourg: fanfare, cloches, Te Deum, feux de joie, visites à Marie, cadeaux. Un fabuleux trousseau, des bijoux sont envoyés de Paris. Le mariage par procuration est célébré à la cathédrale de Strasbourg : Marie, au côté de Stanislas, est radieuse dans sa robe de brocard d’argent cousue de diamants.
Le mariage à Fontainebleau a lieu le 5 septembre 1725 : Louis XV est amoureux fou de sa femme.
Les beaux-parents du roi doivent être royalement logés. On leur propose le château de Chambord inoccupé depuis bien longtemps et qu’on a quelque peu restauré.
Les Leszczynski emménagent dans une partie du 1er étage. L’aspect fantastique du château entouré de forêts, plaît à Stanislas tandis que sa femme geint à cause de son inconfort.
Stanislas est heureux: il lit, joue de la musique, assiste aux offices religieux, se promène à cheval, chasse. Et vite, il se fait de nombreux amis, tant parmi la noblesse que parmi les paysans. Il entreprend de constituer une grande bibliothèque et rêve d’une académie.

L’été arrive. Quelle horreur! L’air est irrespirable à cause des eaux croupissantes des douves. Tout le monde est malade. Il faut fuir à Blois puis à Saint Dye sur Loire.
Le bonheur des Leszczynski est sans bornes lorsque en 1727, Marie met au monde les jumelles, Marie Louise Elisabeth ou Madame Première et Anne Henriette ou Madame Seconde. Quand en 1729 naît Louis, le dauphin, ils exultent avec toute la France.
Les Leszczynski logent à Trianon pendant les visites à leur fille.
A Versailles Stanislas est vite populaire. Il est très à l’aise, il a l’art de parler à tout le monde, d’écouter, de discuter, de plaisanter. Sa bonhomie, sa gaîté le rendent sympathique.
En 1733, Auguste II malade tombe de son lit; cette chute entraîne sa mort. Le roi de Prusse a décrit l’état lamentable de la Pologne à la mort du Saxon.
Stanislas est soulagé. Il dit: “Je vais pouvoir fumer en paix”.
Comme il se trompe! Louis XV, conseillé par le rusé cardinal de Fleury, lui ordonne de retourner en Pologne: n’en est-il pas le roi légitime? Toute une mascarade est organisée pour éviter les embuscades. Un sosie de Stanislas embarque à grand bruit à Brest. Tandis que Stanislas et un complice déguisés en commerçants arrivent à l’ambassade de France à Varsovie, sans avoir été inquiétés.
Après 30 ans d’absence, à 56 ans, Stanislas est proclamé roi de Pologne et grand-duc de Lithuanie. Cela  n’est pas du tout du goût de la Grande Catherine, la tsarine. Elle envoie une armée avec le féroce général Münich pour déloger Stanislas qui se réfugie à Gdansk. Nouvelles élections à Varsovie. La corruption fonctionne admirablement et Frédéric-Auguste III de Saxe est élu.
La Pologne a 2 rois : c’est une habitude.
En 1734,  les Russes assiègent Gdansk. Les diplomates de l’ambassade de France qui ont accompagné Stanislas font preuve d’héroïsme pour organiser  sa fuite hors de la ville bombardée. C’est vêtus de costumes de paysan que Stanislas et quelques compagnons essaient, la nuit, de traverser les nombreux bras du delta de la Vistule. Le groupe patauge dans les marais, se cache le jour, se disperse, s’égare. Le sanguinaire général russe Münich fait subir à la ville un bombardement intensif, la taxe démesurément, met la tête de Stanislas à prix. Stanislas a perdu ses compagnons. Il réussit à passer les bras du fleuve. et seul, sur un chariot de paysan, il franchit les lignes russes au nez et à la barbe des soldats! Il parvient en Prusse en cet équipage.
Une compagnie de soldats prussiens l’attend. Mais c’est pour  se mettre sous ses ordres, le conduire au château de Koenigsberg, lui apprendre que le roi de Prusse lui offre une pension. Il est sauvé, il est libre. C’est Frédéric-Guillame Ier, roi de Prusse qui a l’idée de donner à Stanislas une province autrichienne: la Lorraine. Des tractations secrètes et sinueuses décident du sort de Stanislas: il conservera son titre de roi de Pologne et grand-duc de Lithuanie,  renoncera au trône, récupèrera son patrimoine, anéanti par les Russes, recevra les duchés de Lorraine et de Bar.
Stanislas, totalement ignorant de ce qui se trame, signe en 1736 l’acte d’abdication. Il est invité à Podsdam chez Frédéric-Guillaume Ier.
Il est ébahi par l’accueil triomphal que lui fait Berlin, par l’épée sertie de diamants qu’on lui offre en présent.
Le couple Leszczynski se retrouve le 4 juin 1736 à Meudon. Marie vient de donner le jour à son 7ème enfant, une petite fille. Encore! Stanislas est un grand-père heureux.

C’est bien gentil de donner la Lorraine à Stanislas. Mais un duc est déjà en place qui ne bouge pas. Louis XV a beau payer ses énormes dettes, lui verser une pension considérable, il ne quittera la Lorraine qu’en 1737 en emportant la plus grande partie des richesses de la région. Louis XV, toujours conseillé par Fleury, en secret, fait signer à Stanislas une déclaration de cession de la gestion de la Lorraine et de Bar, à la France. Un intendant choisi par le roi s’occupera des finances, de la police, de la justice. En revanche, Stanislas recevra une pension. Il s’agit bien d’une annexion masquée de la Lorraine et du Barrois.
En 1737, Stanislas et Chaumont de la Galauzière, intendant, représentant de Louis XV, prennent la route de la Lorraine.

Chaumont de la Galauzière, aux ordres de Versailles, prend les rênes du gouvernement de la province. Il choisit les membres du Conseil d’Etat pour les affaires judiciaires, du Conseil Royal des Finances et du Commerce, du Conseil Aulique qui régit les dépenses de la cour. Stanislas n’a aucun pouvoir.
Chaumont de la Galauzière se montre impitoyable. Il impose aux Lorrains d’écrasantes corvées, une justice draconienne, un très lourd régime fiscal, une forte augmentation des impôts et des taxes; il crée des impôts nouveaux. Il supprime même des fêtes traditionnelles. Les Lorrains doivent encore assumer les frais du cantonnement des escadrons français, de la compagnie de maréchaussée. Louis XV exige la levée de 6 bataillons de 600 hommes chacun: les agriculteurs ne trouvent plus de main d’oeuvre.
La conscription par tirage au sort est un mal terrible.
Par contre, Chaumont de la Galauzière arrondit son patrimoine et place sa famille! C’est de la haine qu’éprouve la Lorraine, accablée par tant de maux, contre l’ntendant.
Et Stanislas, comment vit-il dans ses duchés dont le gouvernement lui échappe?

Il réside au château de Lunéville. A 60 ans, il souffre de mille maux dus à son embonpoint.

Ses journées se déroulent selon le même horaire. Il se lève très tôt, avale une tasse de thé, savoure sa 1ère pipe. Il se met à son courrier personnel : il écrit plusieurs fois par semaine à sa fille et à ses petits-enfants. Puis il s’attache à une très importante correspondance officielle: des lettres de toute l’Europe arrivent à Lunéville. Ensuite il reçoit l’intendant du Conseil Aulique puis Chaumont de la Galauzière. Il préside une séance du conseil d’état, donne une audience, reçoit un visiteur. Il assiste à 2 messes. Il ne prend à midi, qu’un seul repas, bref  mais très copieux et en joyeuse compagnie.
Si l’orfèvrerie à table est sobre, les cristaux de Bohême, les porcelaines de Saxe foisonnent.
Stanislas se régale de plats polonais, adore le vin de Tokay hongrois. Il est friand de pâtisseries et se gave de melons.
C’est lui qui a rendu populaire une pâtisserie polonaise: le baba.

Un jour au château de Commercy, les cuisiniers se prennent de querelle et ne préparent pas de dessert. Une servante propose de confectionner un gâteau de sa grand-mère.
Et elle apporte au dessert de jolies pâtisseries en forme de coque toutes dorées et parfumées.
Stanislas demande:
- Comment s’appelle ce gâteau ? Il n’a pas de nom.
- Quel est ton prénom? Je m’appelle Madeleine.
-Eh bien, ce gâteau s’appellera..... la Madeleine de Commercy!


L’après-midi Stanislas se promène à cheval ou en calèche. Il chasse ou pêche. Puis il peint, joue de la flûte, écrit, lit. Il a un chien, un singe. Il a adopté un nain au caractère exécrable. Il consacre ses soirées à des concerts de musique de chambre, au théâtre.
De jeunes et jolies dames fréquentent la cour de Lunéville.
La reine en est Marie-Catherine, marquise de Boufflers. Elle fait régner à Lunéville une atmosphère d’insouciance et de gaîté et devient la maîtresse de Stanislas. Elle a fréquenté les salons littéraires parisiens, côtoyé Voltaire, Montesquieu. Elle a de nombreux soupirants, quelques autres amants, et des ennemis dont l’épouse de Stanislas.

La femme de Stanislas fuit la cour. La pauvre: elle est bigote, neurasthénique, hydropique, asthmatique! La cour de Lunéville est organisée comme celle de Versailles avec une étiquette stricte que Stanislas se complaît à bousculer. Des titres pompeux sont attribués: Grand maître de la Maison du Roi, Grand Aumônier, Grand Chambellan.....etc....Les Polonais détiennent ces fonctions. mais peu à peu ils retournent au pays et sont remplacés par des Lorrains.
Cette régularité de l’organisation des journées est souvent perturbée par des visiteurs. Stanislas reçoit beaucoup, des nobles voisins, le savant La Condamine, le mathématicien Maupertuis.

En 1748, il accueille somptueusement Voltaire et sa maîtresse, la belle Emilie du Châtelet.

Belle? Madame du Deffant, qui jalouse Emilie, la décrit ainsi:
une femme grande et sèche, sans cul, sans hanches, ...de gros bras, de grosses jambes, des pieds énormes, une petite tête, ...le teint noir, rouge, échauffé, la bouche plate, la dent clairsemée et extrêmement gâtée.” 
Ce qui n’est pas très charitable de la part d’une amie!
Emilie chante, danse, joue la comédie. Voltaire lui fait interpréter ses pièces: Zaïre, Mérope.
Emilie tombe enceinte...... d’un amant de Madame de Boufflers. Elle meurt peu après la naissance de sa petite fille qui ne lui survivra pas longtemps. Elle est inhumée à Lunéville.
Et Voltaire et le mari d’Emilie s’en vont tristement, ensemble, à Cirey, pleurer Emilie dans son château.

Les hôtes de coeur de Stanislas sont sa fille, Marie, reine de France, ses petites-filles: il les choie particulièrement. Comme bon nombre de ses aïeux Stanislas est un bâtisseur.

Son architecte attitré est Emmanuel Héré. Ainsi Stanislas fait assécher un vaste terrain vague marécageux proche du château. Et bientôt, sous la baguette magique de Héré qui matérialise les rêves du créateur Stanislas, jaillissent des constructions de contes de fées:
un kiosque en bois, mi-chinois, mi rococo; un théâtre champêtre;
une pagode en forme de trèfle.( Elle est antérieure aux pagodes de Potsdam, Munich, Londres, Amboise. ...)
une chartreuse de six maisonnettes identiques avec leurs jardinets; le pavillon de la cascade, mélange de classique et de baroque; un Rocher merveilleux sur lequel  est reconstitué un village de montagne animé par 86 automates grandeur nature.

Cascades, bassins, jets d’eau séparent les constructions.

L’enchantement se poursuit vers le village de Chanteheux. Au bout d’une longue avenue bordée d’une quadruple rangée de tilleuls s’élève un petit palais inspiré de Palladio: c’est le Trianon de Lunéville. Voltaire écrit: “Le château de Chanteheux est le plus beau, le plus riche et le mieux orné qui soit en Europe; il est unique en son genre.” A Hulliver, Jolivet est une ferme avec des vergers, un potager. La retraite favorite de Stanislas se trouve à Einville au Jard. Dans une galerie avec 24 portes-fenêtres, les miroirs, les lustres créent une atmosphère irréelle de luminosité.

Le château de Commercy est restauré. Un jardin d’Eden s’épanouit bientôt avec des jeux hydrauliques, des statues... Stanislas reconstruit la résidence de la Malgrange et la chapelle Notre Dame du Bon Secours honorée par les Lorrains. Il en fait un chef d’oeuvre de baroque oriental. Stanislas choisit  d’en faire sa nécropole.

Les fêtes orchestrées par Stanislas dans ces décors de rêve relèvent des mille et une nuits. Pour le mariage de Madame Elisabeth avec l’infant d’Espagne, 200 spectateurs dans le théâtre de verdure voient s’enflammer les cascades, et les pièces d’eau, grâce à 50000 pots à feu.

En 1744 Louis XV, Marie, le dauphin sont les hôtes de Lunéville. La fête féérique, la somptueuse partie de chasse n’arrivent pas à dérider Louis XV. Est-il soucieux, après sa maladie, de l’issue de la guerre qu’il mène contre l’Autriche? Certains prétendent qu’il est jaloux de Stanislas. En 1745, le mariage du dauphin avec l’infante attire pendant 3 jours des milliers de spectateurs. Rien n’est trop beau pour ses petites-filles qui s’arrêtent à Lunéville avant de poursuivre jusqu’à Plombières pour une cure: bals, feux d’artifice, animation des automates se succèdent.

Les fêtes continuent à Plombières où Beaumarchais donne la première du Mariage de Figaro.

Mais les plus belles fêtes pour Stanislas sont celles qui ravissent son coeur, fêtes de l’amour qu’il porte à sa fille, à ses petits-enfants qui le lui rendent bien. Lorsque une fois par an il se rend à Paris, ses petites-filles se précipitent au-devant de celui qu’elles appellent leur cher Papinio. Les deuils affectent son âme sensible, la mort de Madame 7ème, la mort de l’infante, épouse du dauphin qu’on remarie immédiatement avec une princesse de Saxe.
En 1748 c’est son épouse, Catherine Opalinska qui décède. Stanislas très affecté se retire seul à Jolivet. Il est attristé par la mort de Héré, par le départ vers la Pologne de ses amis.
LE PHILOSOPHE
Le rêve de remonter sur le trône de Pologne l’effleure à la mort d’Auguste III en 1764. Mais il est malade, il a 87 ans. C’est son ami Stanislas Poniatowski qui est élu, avec l’appui de la Russie. A  88 ans, Stanislas a gardé son esprit enjoué et sa gaîté malgré la cécité qui le menace.
Mais il est gravement ébranlé à la mort du dauphin le 19 décembre 1765; son médecin ne le quitte plus.
La vie de Stanislas n’est pas centrée sur le faste des réceptions. Il accomplit une oeuvre grandiose en faveur du bien-être de ses sujets et de l’éclat de sa province.  Les questions religieuses agitent le 18ème siècle.
Ecoutons Stanislas: il a une opinion précise sur les différents courants de pensée religieuse.
- Admettez-vous l’athéisme? Certainement pas!
- Et le déisme voltairien qui refuse tout culte? Non! Et je vais tenter de convaincre Voltaire de faire ses Pâques!
- Et le Jansénisme, cette doctrine de la prédestination ou de la fatalité et que le pape condamne? Non! Mais je n’userai pas de violence contre les jansénistes et je ne les chasserai pas de Lorraine.
- Que pensez-vous du gallicanisme qui ne reconnaît pas l’autorité du pape? Oui. je serai assez favorable à ses idées
- L’ultramontanisme qui se soumet entièrement à l’infaillibilité du pape, l’acceptez-vous? Non! Non! Non!
- Et le Piarisme qui mène une action éducative? Je me suis brouillé avec eux.
- Etes-vous d’accord avec le Jésuitisme, très influent en France qui s’occupe essentiellement de l’enseignement?  Les Jésuites ont fondé l’université lorraine de Pont à Mousson. Par tradition familiale je leur accorde  ma confiance mais je garde mon libre-arbitre. Ainsi Joseph de Menoux, ce Jésuite de Besançon qui s’est imposé à Lunéville! Il veut en chasser Madame de Boufflers. Non! Madame de Boufflers restera.

Ce même Jésuite pousse le ridicule au point d’exiger d’enlever l’Amphritite nue de la fontaine de la place Royale à Nancy!  Sinon il partira!  Mais qu’il s’en aille! Je garde mon Amphitrite nue! Pauvres Jésuites: ils sont à leur tour condamnés et  chassés car Louis XV a signé la dissolution de la Compagnie de Jésus. Mais je continuerai à les protéger en Lorraine. J’autorise aussi l’installation d’une petite communauté juive et la venue de rabbins.  Les francs-maçons sont nombreux en Lorraine après 1751: je n’interviens pas auprès d’eux. Quant à moi, je suis catholique, très pieux. Ma vie est rythmée par les fêtes religieuses.

Mais je m’oppose à ces abbés austères qui menacent  de l’enfer et du diable.

Je prône une religion d’amour, de joie, de charité, une religion qui oeuvre pour le bonheur des hommes. Je vais réformer l’église de Lorraine sur le principe de la bienfaisance. Je commence par détruire le préjugé du mendiant fainéant: le pauvre est à l’image du Christ et l’aumône est la forme la plus élevée de la charité. Mon église sera une église sociale qui va lutter contre la pauvreté et dispenser l’enseignement. Stanislas institue une cinquantaine de fondations, sous obédience religieuse. Leur tâche est de s’occuper des orphelins, des malades. Elles ont l’obligation de pourvoir chaque pauvre qui se présentera de bois de chauffage, de vêtements, de couvertures; de l’accueillir et de le soigner gratuitement s’il est malade. Les religieux sont aussi tenus de visiter les prisons. Il faut de l’argent pour que ces institutions puissent accomplir leur oeuvre.
Stanislas a l’audace de créer un impôt volontaire appelé Caisse des Aumônes. Il est le premier à l’alimenter. Les Lorrains riches se sentent obligés de participer. Et le système fonctionne très bien. Il met la Lorraine à l’abri des disettes en faisant construire des magasins où le blé est stocké. Il constitue une réserve d’argent pour dédommager les agriculteurs victimes de la grêle, d’un incendie ou de maladie. Il institue un prêt pour les marchands. Il donne 100 000 livres à Nancy afin que toutes les personnes en difficulté soient aidées. Les pauvres peuvent bénéficier de conseils juridiques gratuits, de consultations gratuites auprès de médecins et de religieux. A l’époque est reconnue l’utilité de l’inoculation c’est-à-dire de la vaccination antivariolique. Stanislas souhaite que le maximum d’enfants soient inoculés. Le clergé s’y oppose: l’inoculation est un scandale, elle est contraire à la morale! Et l’épidémie de variole de 1759 provoque une forte mortalité infantile!

Stanislas favorise l’instruction et la confie à l’église. C’est grâce au dauphin qu’il a approfondi la question. Une grande complicité unit Stanislas à son petit-fils. Le dauphin imagine que Stanislas serait un excellent précepteur pour son fils, le futur Louis XVI. Stanislas trop âgé décline l’offre mais envoie une liste de conseils éducatifs: il préconise une vie saine au grand air, des études approfondies et insiste sur ces deux principes: un prince doit se faire aimer de ses sujets et éviter la guerre.
Pour la Lorraine, il émet le voeu que les enseignants soient des découvreurs de talents. Quelle utopie! Il multiplie les centres d’éducation. A Nancy par exemple, il finance 3 établissements scolaires organisés chacun en 3 classes de niveaux différents, qui reçoivent, gratuitement, tous les enfants pauvres.
L’enseignement consiste à apprendre à lire, écrire, compter. Les filles ne sont pas oubliées et les meilleures sont récompensées par une pension annuelle versée à vie. Il crée des bourses d’études pour les enfants d’aristocrates pauvres. Il est fier de son école militaire de cadets où règne une discipline de fer et où ils reçoivent un enseignement de haut niveau. Il rêve de transplanter l’université de Pont à Mousson à Nancy. Il commence par y instaurer les centres d’études de philosophie, mathématiques et histoire.
Il crée un collège royal de médecine à Nancy.  Ses membres sont chargés de s’informer des progrès médicaux, de vérifier l’authenticité des titres des autres médecins, d’enseigner la médecine, de participer à une oeuvre de bienfaisance.
C’est à cette époque qu’est reconnue la valeur des eaux de Contrexéville. Le grand rêve de Stanislas est de fonder une académie à Nancy. Il se heurte à l’opposition de Chaumont de la Galauzière. Stanislas contourne l’interdiction, d’abord en fondant en 1750 une bibliothèque publique. Lors de l’inauguration en 1751, le premier orateur fait un éloge de Stanislas qu’il qualifie de bienfaisant, attribut qui lui restera attaché.
Enfin après bien des tracasseries, il a la joie de créer la Société Royale des Sciences et Belles Lettres avec 40 membres ou immortels et un secrétaire perpétuel. C’est sous un autre nom, une académie. Stanislas jubile. Il tient à ce que son académie favorise les Lumières.

Des célébrités deviennent membres de la société comme la Condamine, Montesquieu, Buffon, Maupertuis. Les autres sont des ecclésiastiques, des magistrats, des érudits. Hélas quelques rimailleurs s’y sont infiltrés.

Et Voltaire? Il écrit: “Je postulerai fort et ferme dans votre académie. J’aurai le bonheur d’appartenir à un roi qu’on ne peut s’empêcher de prendre la liberté d’aimer.” Versailles interdit à Stanislas d’accepter Voltaire. Stanislas donne dans cette Lorraine des Lumières, une place de choix aux écrivains, avant Frédéric II et Catherine II.
Il lit énormément, des auteurs français et européens. De nombreux écrivains s’adressent à lui. Il est surtout enchanté par l’oeuvre de Voltaire qui lui fait parvenir ses écrits dès qu’il les a terminés. Les relations entre les 2 hommes sont excellentes au point que Voltaire désire acheter une propriété en Lorraine pour s’y installer. Nouvelle interdiction de Versailles. C’est ainsi que Voltaire a acquis une maison à Fernay.

Stanislas lit aussi l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau et notamment son discours sur les sciences et les arts qui a engendré tant de polémiques. Une correspondance intéressante s’échange entre les 2 hommes. Stanislas a la plume facile. Son oeuvre littéraire importante lui vaut d’être admis à l’académie Arcadia à Rome. Il est l’auteur d’un traité d’analyse sévère de la Pologne et propose des réformes pour son pays. On note encore des traductions, des ouvrages de critique religieuse, morale, politique. Il élabore un traité d’économie politique.
Un titre retient l’attention: c’est “Entretien d’un Européen avec un insulaire de l’île de Dumocala”.  L’ouvrage est un roman philosophique dans lequel est décrite une société idéale. On y trouve cette réflexion: “Le bonheur consiste à faire des heureux” .
Ce prince précurseur dans de nombreux domaines, ce créateur d’institutions charitables ou éducatives est aussi un mécène pour les artistes, les artisans, les inventeurs. Lui-même peint et joue de la musique mais médiocrement. Il désire ouvrir une école de dessin: évidemment Chaumont de la Galauzière refuse. Qu’importe: il incite les peintres dont Girardet à donner des cours dans leurs ateliers. Il aime le théâtre, fait construire un théâtre à Nancy et à Commercy. Il protège les troupes de comédiens.

MOUVEMENT
La musique : il ne peut pas s’en passer. Il aura avant sa mort un orchestre de 67 musiciens, des virtuoses qu’il a débauchés des cours européennes! Cet orchestre, l’un des plus importants d’Europe, peut tout jouer: Lully, Charpentier, Delalande, Corelli, Haydn, Haendel, Scarlatti, Telemann.
Les plus grands interprètes présentent des opéras, comme le Devin du Village de Jean-Jacques Rousseau.
Stanislas qui a rassemblé les talents de l’Europe est vraiment le père des Arts.

Il encourage aussi en Lorraine l’artisanat de la faïence de luxe appelée porcelaine opaque.
Certaines faïenceries produisent des figurines et les statuettes en terre de Lorraine du sculpteur Cyfflé, acquièrent une réputation mondiale.

Malheureusement Chaumont de la Galauzière taxe excessivement ces produits  et  fait péricliter cette industrie. Le mécénat se poursuit en agriculture. Stanislas favorise l’exploitation de potagers, de vergers. Il insiste sur les procédés qui augmentent les rendements agricoles. Il se passionne pour les techniques nouvelles par exemple les bateaux à roue. Lui-même imagine une voiture à 3 roues montée sur cardans.

Enfin Stanislas veut élever Nancy au rang de capitale européenne. Aucune ville en Europe peuplée seulement de 25 000 habitants n’a autant d’édifices publics. Il travaille avec des artistes: Héré l’architecte; Lamour le ferronnier grâce à qui Nancy a été appelée la ville aux Portes d’Or; Adam, Guibal, Cyfflé les sculpteurs; Girardet, Joly les peintres. Le 1er mars 1752 c’est l’inauguration de la place Royale.

Une géométrie harmonieuse, une symétrie parfaite créent une impression à la fois de grandeur majestueuse et de légèreté: hautes fenêtres en plein cintre, corniches, pilastres, balustrade ornée de vases, trophées, enfants, grilles, balcons, réverbères noirs et or en fer forgé, fontaines. Au centre est érigée sur un socle une fière statue de Louis XV.

L’arc de triomphe est dédié au prince triomphant et à la paix. “Le vrai héroïsme consiste dans le repos d’un règne pacifique”.  D’autres places aussi élégantes aèrent la ville. Malgré les réticences habituelles de Versailles, il opère la jonction entre la vieille ville médiévale entourée de remparts et la ville neuve par une magnifique avenue. De nouvelles rues sont aménagées,

des jardins sont plantés, des cafés, des restaurants s’ouvrent. Nancy est une belle ville prospère, active, faite pour le bonheur.

Frédéric II de Prusse dans une lettre à Stanislas écrit: “Votre Majesté donne en Lorraine l’exemple à tous les rois de ce qu’ils devraient faire. Elle rend les Lorrains heureux et c’est là le seul métier des souverains”.
Stanislas tente encore de donner à Nancy un rôle politique européen. En 1756 débute la guerre de 7 ans contre la Prusse. Stanislas est un pacifiste. Il prend la liberté d’écrire à tous les souverains d’Europe et les invite à Nancy pour une conférence de la paix. Seule Marie-Thérèse d’Autriche donne son accord. Les autres souverains trouvent la rencontre prématurée.

Le 5 février 1766 Stanislas se lève à 6 heures, s’installe près de l’âtre. Sa robe de chambre s’enflamme, il ne réussit pas à s’en libérer.
Les brûlures sont profondes. La population est atterrée; des foules envahissent les églises, stationnent devant le château. Stanislas, malgré ses souffrances, fait distribuer de la nourriture et du vin, de l’argent pour que les plus pauvres puissent rentrer chez eux.
Le 22 février il reçoit un message du roi de Pologne Stanislas Poniatowski. Il expire à 4 heures de l’après-midi. Il a 89 ans. Immédiatement Chaumont de la Galauzière proclame la réunion des duchés de Lorraine et de Bar à la France et fait apposer des scellés sur les possessions de Stanislas. Le 3 mars 1766 le cortège funèbre s’ébranle. Il grossit de village en village. Il arrive à 1 heure du matin à Notre Dame du Bon Secours. Les Lorrains pleurent leur duc, leur bienfaisant. Pendant 40 jours, 3 fois par jour, les cloches sonnent le glas pendant une demi-heure. Glas pour le duché de Lorraine dont Louis XV prend possession. Glas pour les constructions féériques; les palais sont vendus aux enchères, les jardins sont défoncés, les bassins sont comblés. Les démolisseurs épargnent le château de Lunéville, celui de Commercy, les constructions de Nancy. Chaumont de la Galauzière, son oeuvre dévastatrice accomplie, quitte la Lorraine. Le médecin de Stanislas retourne en Suède. les comédiens, les musiciens s’en vont.

Louis XV commande pour son beau-père un mausolée somptueux mais lourd et froid  à Notre Dame du Bon Secours.

En 1831, les Lorrains restaurent Nancy vandalisée pendant la révolution. Mais il débaptisent la place Royale qui devient place Stanislas. Ils placent sur le socle, non plus la statue de Louis XV, mais celle de leur duc, Stanislas le Bienfaisant. Le rocher de la fontaine Stanislas en forêt de Plombières porte cette autre inscription: “Comme de ces vallons, cette eau paisible et pure Fait la richesse et la parure, Tel, s’il avait régné sur eux, Stanislas eut rendu tous les peuples heureux. Contre le sort, longtemps, il eut à se défendre. La flamme a consumé ce phénix des bons rois. Que n’a-t-il pu, du ciel, interrompre les lois, Comme l’autre phénix, renaître de sa cendre.”

C’est assis au pied de ce rocher, à côré de la fontaine Stanislas, que Berlioz a composé son opéra les Troyens.
Le château de Lunéville a été dévasté par un incendie en 2003: toute la magnifique collection de faïences de Lunéville a été détruite.